Transcription
Remarque :
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Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme[2] de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai.
Quelques vers[3] éternellement gravés dans notre patrimoine culturel sont issus du poème « Soir d'hiver » qui est signé par Émile Nelligan, un poète tourmenté[4], mais un prodige[5] qui a su illuminer de sa prose fulgurante[6] notre imaginaire collectif.
[Musique]
Émile Nelligan est né à la veille de Noël 1879 à Montréal, mais ses racines familiales plongent plutôt du côté du Bas-Saint-Laurent que sa mère, Émilie Hudon, une Canadienne française de Rimouski, et son père, David Nelligan, qui est un Irlandais arrivé au pays vers l'âge de 7, 8 ans, on sait pas trop, va avoir deux autres enfants. Eva née en 1881 et Gertrude en 1883. Et dans le Montréal de la fin du 19e siècle qui est une métropole en pleine ébullition[7], le jeune Émile fait ses études au Collège classique Mont Saint-Louis, et à la même époque il découvre la grande poésie française, tu sais, celle de Victor Hugo, puis d'Alphonse de Lamartine, des romantiques[8] qui auront plus tard une influence marquante sur son œuvre, puis il lit aussi évidemment Baudelaire, il est symboliste[9] comme Rimbaud et Verlaine et à 16 ans seulement Émile publie son premier poème « Rêve fantasque », mais il le fait sous un pseudonyme « Émile Kovar », c'est pas super beau « Kovar » quand même, et parmi ceux qui vont lui permettre d'établir son style et de se développer comme artiste, il y a Louis Dantin, un prêtre et poète canadien-français, qui deviendra plus tard un influent critique littéraire. Il voit en Émile le potentiel d'un homme de lettres, il va l'aider à devenir Nelligan, le poète. En 1897, après avoir définitivement abandonné ses études, parce que oui, Émile Nelligan, c'est un décrocheur[10]. Émile intègre l'École littéraire de Montréal qui n'est pas une école, c'est plus un club d'hommes de lettres canadiens-français et à ce moment-là la poésie devient le centre de sa vie, il côtoie là-bas les plus grandes plumes de l'époque comme Gonzalve Desaulniers, Édouard-Zotique Massicotte et Louis-Honoré Fréchette et notamment grâce à la célèbre chroniqueuse Robertine Barry, dite Françoise, Nelligan progresse et là commence à laisser sa marque en publiant sous son propre nom.
À partir de 1899, sa production s'intensifie, on dit de lui qu'il a une physionomie d'esthète[11], une tête d'Apollon[12] rêveur et tourmenté[4] où la pâleur accentue le trait, des yeux très noirs, très intelligents où rutile[13] l'enthousiasme et des cheveux or, des cheveux à faire rêver dressant superbement leur broussaille[14] d'ébène[15] capricieuse et massive avec des airs de crinière[16] et d'auréole. C'est quand même intense, là, mais sa plume est, quant à elle, empreinte de fantaisie et de musicalité et insatiable[17] de rimes riches.