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NOS GÉANTS saison 2 : Émile Nelligan par Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, deuxième partie
Informations[1]

Dans son œuvre, le poète, d'un ton tourmenté[2] évidemment, aborde des thématiques comme la folie, l'enfance, la foi, la mort, l'amour et la religion. C'est assez complet. Nelligan est considéré comme l'un des points de départ de la poésie québécoise moderne et là, laissez-moi vous réciter l'un de ses plus puissants poèmes, « Le Vaisseau[3] d'or » :

Ce fut un grand Vaisseau[3] taillé dans l'or massif :

Ses mâts[4] touchaient l'azur, sur des mers inconnues ;

La Cyprine[5] d'amour, cheveux épars, chairs nues,

S'étalait à sa proue[6], au soleil excessif.

Mais il vint une nuit frapper le grand écueil[7]

Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,

Et le naufrage horrible inclina sa carène[8].

Aux profondeurs du Gouffre, immuable[9] cercueil.

Ce fut un Vaisseau d'or, dont les flancs diaphanes[10]

Révélaient des trésors que les marins profanes[11],

Dégoût, Haine et Névrose[12], entre eux ont disputés.

Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?

Qu'est devenu mon cœur, navire déserté ?

Hélas ! Il a sombré[13] dans l'abîme du Rêve !

Parler d'Émile Nelligan, c'est parler d'une langue, mais aussi d'une ville, Montréal, de son Carré Saint-Louis, du mont Royal, du cimetière Notre-Dame des Neiges, c'est, comme il le dit lui-même, sa ville d'argent au collier de neige, c'est quand même vraiment beau. Mais parler d'Émile Nelligan, c'est aussi faire le récit d'une tragédie parce que, brillant de mille feux, le génie s'est consumé.

À 19 ans, épuisé par une démence[14] précoce, il est interné à l'hospice Saint-Benoît-Joseph Labre, puis transféré à l'hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu à Montréal. Il y meurt en 1941 à l'âge de 61 ans.

Une vingtaine d'années après la mort du poète, en 1964, le grand Claude Léveillée adapte en musique le poème « Soir d'hiver ». En 1990, on lui dédie un opéra biographique sur un texte du gigantesque Michel Tremblay et la musique d'André Gagnon.

La neige a neigé, mais malgré le frisson d'hiver et contrairement au « Vaisseau d'or », Nelligan est resté un indélogeable[15] géant.

À travers « La Nuit d'été » et « L'Hiver sentimental », il continue d'émerveiller de sa prodigieuse plume les coeurs blasés[16]. Pour moi, au-delà de la poésie, il y a cet homme-là qui est arrivé beaucoup trop vite en avance sur son époque et qui est, au moins aujourd'hui en tout cas, reconnu à sa juste valeur.

[Musique]