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Dans les années 1960, des membres de l’élite[2] politique et intellectuelle francophone craignent que la population du Québec s’anglicise.[3] Ces personnes sont notamment préoccupées par l’influence de la culture américaine et par le fait que plusieurs nouveaux arrivants inscrivent leurs enfants dans des écoles anglophones. Selon eux, il s'agit d'une menace pour la langue française dans la province. Certains d’entre eux s'inquiètent aussi de la mauvaise qualité du français écrit et parlé.
Dans son recueil de textes intitulé « Les Insolences du frère Untel », le prêtre et enseignant Jean-Paul Desbiens déplore[4] entre autres l’utilisation du joual[5] et les importantes lacunes[6] dans l’enseignement du français. Plus de 100 000 exemplaires sont vendus en quelques mois, ce qui montre qu'un bon nombre de francophones partagent les préoccupations du frère Untel en ce qui concerne la qualité et l’avenir du français. Ces préoccupations poussent éventuellement l’État québécois à se mobiliser pour assurer la protection de la langue française.
C’est dans cette optique[7] que l’Office de la langue française est fondé en 1961. Cette organisation gouvernementale fait la promotion de ce que l’on appelle à l'époque « le bon parler français », c’est-à-dire un français international sans anglicismes[8].
En 1968, l’État québécois met également sur pied un ministère de l’immigration afin de sélectionner les nouveaux arrivants[9] en fonction de ses propres critères, plutôt que de devoir se conformer aux critères du gouvernement fédéral. Ça permet entre autres au Québec de favoriser l’immigration francophone, et donc de lutter contre l’anglicisation[10].
L’année suivante, en 1969, le gouvernement du Québec adopte la première loi linguistique de l’histoire de la province : la Loi pour promouvoir la langue française au Québec, aussi appelée la loi 63. Donc là, il va y avoir une série de numéros de lois... Je m'excuse, mais c'est comme ça.
La loi 63 vise avant tout à calmer les tensions qui existent alors entre les francophones qui craignent l’anglicisation[10] et les Italiens du quartier Saint-Léonard à Montréal qui revendiquent[11] le droit de scolariser[12] leurs enfants en anglais. Cet enjeu est important pour la minorité italienne parce qu’à l’époque, l’éducation en anglais est associée à de meilleures chances de réussite sociale et économique. La loi 63 essaie de trouver un compromis. Elle donne la possibilité aux immigrants de scolariser[12] leurs enfants dans la langue de leur choix, mais elle oblige les écoles anglophones à enseigner des notions d’usage en français. Cette loi apaise[13] donc les parents de la communauté italienne. Par contre, elle ne satisfait pas les regroupements nationalistes qui la trouvent inefficace pour protéger la langue française.