Les francophones en Colombie-Britannique

L'histoire du peuplement de la province de Colombie-Britannique est également due aux compagnies de traite de fourrure, car comme nous l'avons vu, la CNO[1] désirait étendre son territoire de traite à l'ouest des montagnes Rocheuses, et éventuellement se rendre jusqu'à l'océan Pacifique. Le grand explorateur de la CNO[1], Alexander Mackenzie, se rendit à l'océan Arctique en 1789 par le fleuve qui porte son nom et parvint à l'anse de Dean Channel sur l'océan Pacifique en 1793. En 1808, Simon Fraser et ses voyageurs découvrent l'embouchure du fleuve Columbia et trois ans plus tard, David Thomson découvre une route navigable sur ce même fleuve et parvient jusqu'à l'océan Pacifique. Il sera le premier Blanc à atteindre l'océan de l'intérieur des terres. Ces expéditions de découverte permettront à la CNO[1], et plus tard, à la CBH[2], d'établir toute une série de postes, de forts et de dépôts partant des montagnes Rocheuses jusqu'en Oregon actuel. La majorité des employés de ces comptoirs étaient, bien entendu, des Métis, surtout de langue française, qui ont fini par s'y établir et fonder des petites communautés, par exemple, les forts Victoria (devenu la ville de Victoria, capitale de la province), Nanaimo (ville actuelle de Nanaimo, sur l'île de Vancouver), Langley (près de Vancouver actuel), Kamloops, George (Prince George actuel), Saint-James, Nelson, etc. La première force de police municipale du territoire qui allait devenir la Colombie-Britannique était d'ailleurs formée d'anciens employés métis de la CBH[2], les Voltigeurs de Victoria, fondés en 1851. L'intérieur de cet énorme territoire s'appelait la Nouvelle-Calédonie et était administré à partir du fort Saint-James. En 1846, la frontière entre le Canada et les États-Unis fut fixée au 49e parallèle, ce qui eut pour résultat que l'ancien district de Columbia (les états de Washington et d'Oregon ainsi qu'une partie de l'Idaho actuels) faisait maintenant partie des États-Unis, mais la Grande-Bretagne conservait l'île de Vancouver. En 1849, on créa la colonie royale de l'Île de Vancouver.

Durant toutes ces années, la CBH[2] avait pour politique de ne pas favoriser la colonisation, car elle craignait que celle-ci nuise au commerce très lucratif des fourrures. En 1858, on trouva de l'or sur les berges de la rivière Thomson, dans le canyon Fraser. Cette nouvelle suscita une fièvre mondiale et subitement Victoria et le fort Langley furent submergés de prospecteurs, d'agents de terrain, de commerçants itinérants, etc., venus de San Francisco. Afin de s'assurer que les quelques 20 000 Américains qui se trouvaient maintenant en territoire britannique n'essaient pas d'annexer le territoire aux États-Unis, la Grande-Bretagne créera la colonie royale de la Colombie-Britannique la même année, avec comme capitale la petite ville de New Westiminster, sur le fleuve Fraser. Entre 1861 et 1864, une autre ruée vers l'or eut lieu dans le Cariboo, région du centre de la province. Le développement des mines dans la région de Barkerville obligea le gouvernement à construire une route, dont le coût était astronomique. La colonie se retrouva donc à crouler sous une énorme dette au milieu des années 1860.

En 1867, il existait trois options : maintenir le statut de colonie britannique, s'annexer aux États-Unis ou se confédérer au nouveau Dominion du Canada. Il faut souligner que les États-Unis venaient d'acheter l'Alaska de la Russie. Le fait d'avoir ainsi des territoires américains au nord et au sud de la colonie faisait en sorte que les résidents de la colonie craignaient pour leur futur. Cependant, la fin éminente des ruées vers l'or et l'énorme dette de la colonie ainsi qu'un désir profond d'avoir un gouvernement réellement représentatif et responsable poussèrent la population à voter en faveur de se joindre à la confédération canadienne. C'est donc en 1871 que la Colombie-Britannique devint la septième province du Canada. Le gouvernement fédéral accepta d'assumer la dette de la nouvelle province et promit de construire un chemin de fer transcontinental.

Il faut attendre presque 40 ans avant de voir les premiers colons canadiens-français s'établir en Colombie-Britannique. En effet, en 1909, quelques centaines d'ouvriers canadiens-français et leurs familles, venant de Rockland en Ontario, de Hull et de Sherbrooke au Québec furent recrutés par la Fraser River Lumber Company, une importante scierie, située à Fraser Mills, à l'est de Vancouver, sur le fleuve Fraser.

À cette époque, Fraser Mills n'est qu'une petite « ville d'entreprise » entourée d'une forêt. Quelques années plus tard, un village comprenant une église, un couvent, une école, un bureau de poste, un poste de police et de pompiers ainsi que quelques commerces, a remplacé la dense forêt au nord de la scierie. Le village francophone de Maillardville était né et allait connaître, au fil des décennies, de multiples évolutions ( Allaire, 2014[3]). Dans les années 30, un nouveau groupe d'ouvriers francophones, venant cette fois-ci de l'Ouest canadien (de la Saskatchewan, surtout), vint donner un nouveau souffle à la petite communauté. Maillardville n'est jamais devenu une municipalité indépendante et encore aujourd'hui, elle fait partie de la ville de Coquitlam. Si au XXIe siècle, les francophones ne représentent qu'environ 2 % de la population de la région, Maillardville existe encore et le patrimoine culturel et historique des premiers francophones est toujours présent, à travers les noms des rues, les activités culturelles, les associations communautaires, le festival annuel, et les deux églises.

Drapeau franco-colombien
Drapeau franco-colombienInformations[4]