Depuis les années 60...
Depuis les années 1960, la situation des Francophones de l'Ouest a énormément changé. Dès la fin des années 1960, le nationalisme canadien-français s'est transformé, car l'idée d'indépendance du Québec se faisait de plus en plus sentir (le Parti Québécois, parti indépendantiste, sera d'ailleurs élu au gouvernement du Québec en 1974). « La distance entre les nationalistes québécois et les nationalistes canadiens-français des autres provinces était si grande qu'on y a vu la grande rupture, voire la fin du Canada français »
Allaire (2014, p. 47)[1]. La plupart des organisations provinciales changeront de nom, en abolissant le terme « canadien-français » : l'Association d'éducation franco-canadienne du Manitoba devient la Société franco-manitobaine en 1968, l'Association canadienne-française de la Saskatchewan devient l'Assemblée communautaire fransaskoise en 1999 et la Fédération canadienne-française de la Colombie-Britannique devient la Fédération des Francophones de la Colombie-Britannique en 1992. Seule l'Alberta maintiendra son Association canadienne-française de l'Alberta. Ces associations créent également leurs propres drapeaux provinciaux : la Saskatchewan en 1979, le Manitoba en 1980, l'Alberta et la Colombie-Britannique en 1982. Ces drapeaux sont présentés ci-dessous, à la droite du drapeau officiel de leur province correspondante, d'est en ouest.
C'est également durant les années 1960 que les gouvernements provinciaux accordent le droit d'enseigner en français, mais seulement la moitié du temps (ce droit n'est accordé en Colombie-Britannique qu'en 1977). Suite à une série de poursuites légales de la part des parents francophones, ce n'est que vingt ans plus tard que les provinces autorisent enfin la création de commissions scolaires francophones indépendantes.
Les communautés canadiennes-françaises connaîtront elles-mêmes d'énormes changements, car l'urbanisation s'est fortement accentuée partout dans l'Ouest, de sorte que la majorité des Francophones de l'Ouest se retrouvent maintenant des citadins. La plupart des établissements d'enseignement secondaire et post-secondaire se sont laïcisés : le Collège de Saint-Boniface est devenu l'Université de Saint-Boniface (2013) et le Collège Saint-Jean d'Edmonton a été vendu à l'Université d'Alberta et en est devenu une faculté de langue française (le Campus Saint-Jean). Les paroisses continuent d'exister, mais elles ne sont peut-être plus les points de rassemblement principaux. Ce sont maintenant les écoles, les centres communautaires, les festivals annuels, les associations et les rassemblements annuels de jeunes, les jeux sportifs, etc., qui ont pris la relève Allaire (2014, p.56-57)[1].
Il faut dire aussi que les provinces ont commencé à s'occuper davantage de leur minorité de langue française en créant des services spécifiques pour elles. Ainsi, le Manitoba créait le Secrétariat des services en langue française en 1981, l'Alberta, celui du Secrétariat francophone en 1999 et la Saskatchewan, la Direction des affaires francophones en 1988.