Les premiers « voyageurs »

Comme nous l'avons mentionné, la CNO[1] employait uniquement des hommes engagés d'origine canadienne-française pour pagayer et porter sur le dos les canots et les ballots de fourrures ou le matériel de traite lors des nombreux portages. On les appelait les « voyageurs[2] ». À vrai dire, il y avait deux types de voyageurs. Ceux qui partaient de Montréal au printemps, se rendaient jusqu'au Grand Portage, sur le lac Supérieur, et qui revenaient à Montréal à l'automne étaient appelés les « mangeurs de lard » (parce qu'ils se nourrissaient surtout de lard salé). Les « hivernants » étaient ceux qui assuraient le transport des marchandises en canot à partir du Grand Portage jusqu'aux postes de traite à l'ouest, car à cause des distances, ces voyageurs devaient passer l'hiver dans l'Ouest. Rapidement, ces derniers devinrent également des interprètes, des guides et même des négociateurs entre les Amérindiens et les gérants de poste de traite. Très tôt, plusieurs de ces hommes prirent pour épouse des femmes autochtones « à la façon du pays » (c'est-à-dire selon les coutumes autochtones locales), et comme on pouvait s'y attendre, ces couples eurent des enfants, de « sang mixte ». Ces enfants allaient apprendre la langue de leur mère (le plus souvent l'ojibwé, le cri, l'assiniboine ou, dans le Nord-Ouest, le déné) ainsi que celle de leur père, le français (tel qu'il s'était développé au Bas-Canada).

Peinture représentants des hivernants faisant la traite avec des autochtones devant un fort de la CBH
Des hivernantsInformations[3]
Peinture représentant une scène de chasse au bison par des Métis de l'Ouest
La chasse au bison par des Métis de l'OuestInformations[4]

Les garçons allaient suivre les traces de leur père, et devinrent également des voyageurs ou simplement des employés de la CNO[1]. Plus tard, à l'apex du commerce des fourrures, ils devinrent des chasseurs de bisons, et leurs femmes des productrices de « pemmican », viande séchée, réduite en poudre et mélangée de graisse et de petits fruits sauvages, qui était devenue la nourriture de tous les employés de la CNO[1].