La résistances des Métis

À Ottawa, la réaction du gouvernement fut claire et rapide. En moins d'un mois, on transporta une troupe militaire de plus de 3 000 soldats par le nouveau chemin de fer, récemment construit, jusqu'en Saskatchewan. S'y joignirent 2 000 soldats de l'Ouest, sous le commandement du général-major Frederick Middleton.

Middleton et ses troupes se dirigèrent à pied vers Batoche. Gabriel Dumont leur tendit un piège à un endroit connu sous le nom de Coulée de Tourond ou l'Anse-aux-Poissons (Fish Creek, en anglais), quelques 20 km au sud de Batoche. En dépit du fait qu'ils étaient peu nombreux, les chasseurs métis réussirent à stopper l'avance de l'armée canadienne et Middleton dût battre en retraite. Mais une série de défaites subies par les alliés autochtones des Métis permit à Middleton de s'approcher de Batoche, et au mois de mai 1885, les troupes canadiennes attaquèrent les lignes métisses. Pendant cinq jours, la bataille fit rage, mais en fin de compte, la supériorité numérique des soldats de Middleton ainsi que leur avantage en armement, eurent raison des résistants métis. Quelques jours plus tard, Riel se rendit aux forces canadiennes et Gabriel Dumont s'échappa aux États-Unis.

Peinture représentant la prise de Batoche
La prise de BatocheInformations[1]

Riel fut envoyé à Regina où il devait subir son procès pour trahison. Un jury composé de six hommes protestants et anglophones le trouva coupable et Riel fut condamné à mort le 18 septembre. Tous les appels à la clémence n'eurent aucun succès et Louis Riel[2] fut pendu le 16 novembre, 1885. Au Québec, l'exécution de Riel suscita un outrage généralisé.

La résistance des Métis (certains l'appelleront « rébellion ») eut de profonds effets dans l'Ouest canadien. Les communautés autochtones furent de plus en plus subjuguées et administrées par les autorités fédérales. Les chefs des Métis les plus en vue s'enfuirent au Montana ou furent emprisonnés. Les Métis eux-mêmes durent se disperser ici et là : certains s'assimilèrent aux petites communautés canadiennes-françaises qui commençaient à se développer; d'autres prirent la direction du sud, au Dakota-du-Nord ou au Montana; d'autres encore prirent la route du nord et s'installèrent dans les Territoires du Nord-Ouest et les plus démunis devinrent des itinérants, vivant sur des terrains fédéraux vacants, le long des chemins de fer. On n'entendra plus parler des Métis pendant plus d'un demi-siècle.