Introduction

L'influence de l'anglais sur le français laurentien
Informations[1]

Aucune étude détaillée n'a encore été amorcée sur l'influence de la langue anglaise sur le français des locuteurs de l'Ouest canadien. Puisque presque tous les locuteurs sont bilingues (à un degré variable) en français et en anglais et qu'ils vivent tous baignés quotidiennement dans un environnement anglophone, il ne faut s'étonner que leur français subisse diverses influences, que celles-ci soient phonétiques, lexicales ou même structurales. Néanmoins, nous ne savons pas encore réellement quel est le taux réel d'emprunts à l'anglais. Poplack (1989)[2] rapporte que ce taux est de seulement 4,7 % pour la région d'Ottawa-Hull, en Ontario, ce qui est très loin du seuil de tolérance que le linguiste Claude Hagège évalue à 15 %. Il est plus que probable que le taux d'emprunt pour les provinces de l'Ouest soit plus élevé, mais seule une étude empirique pourrait nous permettre de le déterminer de manière précise. Tous les linguistes qui ont étudié le phénomène de l'emprunt lexical au Canada ( Flikeid, 1989[3], pour l'acadien et Thomas, 1989[4], pour le franco-ontarien) mentionnent la présence d'emprunts à l'anglais au niveau des noms, des verbes et des adjectifs (la portion ‘ouverte' du lexique). Néanmoins, comme le soulignent Mougeon et Beniak (1989b, p. 4)[5] : « les éléments lexicaux appartenant aux portions fermées du lexique (conjonctions, prépositions, etc.) ne sont pas à l'abri de l'emprunt (même s'ils y sont plus réfractaires) ni de l'extension sémantique, à preuve l'emprunt de la conjonction so et l'extension de la distribution de la préposition sur (ex. j'ai regardé un film sur la télévision)... »