Le rôle de la Compagnie de la baie d'Hudson
Entre 1688 et 1717, la CBH[1] construisit une demi-douzaine de postes de traite : Rupert House (1668), Moose Factory (1673) et Fort Albany (1679), sur les rives orientales et occidentales de la baie de James, York Factory et Fort Nelson (1684), Stevern House (1689) et Fort Churchill, sur la baie d'Hudson. Peu intéressée par la découverte des terres de l'intérieur, ce n'est qu'en 1744 que la compagnie érigea un poste de traite à l'intérieur des terres, Cumberland House, à la frontière du Manitoba et de la Saskatchewan actuels. Néanmoins, de 1690 à 1692, un employé de la CBH[1], Henry Kelsey, voyagea avec des Cris et atteignit la rivière Saskatchewan, d'où il vit de grandes plaines et où se trouvait une multitude de bisons. Vers le nord, la prairie cède la place à la forêt peuplée d'orignaux, de chevreuils et de castors : c'est un pays riche, comparativement à la région de York Factory. Kelsey sera donc le premier Européen à voir les Prairies de l'Ouest Canadien.
Les Anglais et les Français étaient en compétition pour la traite des fourrures : les Anglais aux alentours de la baie d'Hudson, les Français le long du fleuve Saint-Laurent et dans la région des Grands Lacs. Bien sûr, cette compétition allait déclencher des luttes entre les deux pays et ce n'est qu'en 1713, avec le traité d'Utrecht, que la France doit accepter que la CBH[1] puisse non seulement faire la traite des fourrures sur le territoire de la Nouvelle-France, mais qu'elle ait effectivement le monopole de la traite dans toute la Terre de Rupert[2]. Néanmoins, comme nous le verrons, ce monopole était impossible à maintenir.