La Compagnie de la baie d'Hudson et la Compagnie du Nord Ouest
Aucun des successeurs de la Vérendrye ne réussit à se rendre plus loin vers l'ouest. Durant la guerre de Sept Ans et la conquête du Canada par la Grande-Bretagne (1754-1763), les postes de traite établis par les de la Vérendrye furent abandonnés et ils tombèrent en désuétude. Lorsque le conflit s'est éteint entre la France et la Grande-Bretagne par le traité de Paris, la France a dû céder à la Grande-Bretagne tous ses territoires à l'est du Mississippi, donc le Canada et la Haute Louisiane, et tous ceux à l'ouest à l'Espagne. Ce fut la fin de l'empire français en Amérique du Nord.
Après la guerre de Sept Ans, la Grande-Bretagne organise son nouveau territoire en créant la Province de Québec en 1763. Cette colonie deviendra le Haut-Canada (l'Ontario actuel) et le Bas-Canada (le Québec actuel) en 1791. Durant ces années, la traite des fourrures était plus ou moins limitée à la région de la baie d'Hudson, mais plus tard, de petits commerçants anglais et écossais allaient reprendre la traite en suivant les anciennes routes françaises. En 1779, à Montréal, un groupe de commerçants, surtout d'origine écossaise, forma la Compagnie du Nord-Ouest (CNO). Ceux-ci ne reconnaissent pas le monopole de la Compagnie de la Baie d'Hudson (CBH[1]) et décident donc de non seulement reprendre la traite des fourrures dans le Pays d'en Haut, mais de pousser encore plus loin vers l'Ouest et le Nord-Ouest. La CNO[2] emploie exclusivement des engagés canadiens-français et à partir de Montréal, ceux-ci suivent les cours d'eau qu'avaient tracés les coureurs-de-bois jusque dans les Prairies. Thomas Frobisher, frère de l'un des fondateurs de la CNO[2], se rend à la rivière Saskatchewan en 1773 et l'année suivante fonde un poste de traite à l'Île-à-la-Crosse, sur le lac du même nom, dans le nord de la province de Saskatchewan actuelle. La région de ce lac, facilement accessible du sud par la rivière Beaver, mène également vers la baie d'Hudson par la rivière Churchill et donne accès à la région de l'Athabasca au nord-ouest. Vu le succès de Frobisher, plusieurs traiteurs voulurent aussi profiter de ce nouvel Eldorado. En 1778, Peter Pond, un traiteur d'origine américaine et partenaire de la CNO[2], quitte le Grand Portage sur le lac Supérieur, se dirige vers le nord-ouest, atteint le Lac-à-la-Crosse et se rend jusqu'à la région de l'Athabasca. Il traverse ainsi la ligne de partage des eaux entre la baie d'Hudson et l'océan Arctique et ouvre une nouvelle région, riche en fourrures. Il découvre également le lac Athabasca et en 1788, il établit un fort sur ses rives, le fort Chipewyan.
La compétition entre la CNO[2] et la CBH[1] donna lieu à l'expansion de la traite des fourrures et l'établissement de nombreux postes de traite dans l'Ouest et le Nord-Ouest canadien. La CNO[2], afin de conserver son monopole dans la région de l'Athabasca, rivalise, à perte si nécessaire, avec ses adversaires sur la rivière Saskatchewan, autour du lac Winnipeg et au nord des Grands Lacs[5]. Sur la rivière Saskatchewan Nord, les compagnies rivales jouent à saute-mouton vers l'Ouest, l'une doublant les postes de l'autre afin de s'assurer un avantage commercial auprès des autochtones. En tout, plusieurs centaines de postes furent ainsi construits par les deux compagnies. Au milieu des années 1790, la CNO[2] contrôle la majorité de la traite des fourrures au Canada, la CBH[1] n'en contrôlant que trois fois moins. Mais c'est la remontée de la CBH[1], amorcée en 1810, qui aura finalement raison de la CNO[2].