Pierre Gaultier de Varennes, sieur de la Vérendrye

Revenons maintenant aux Français. Si la « découverte » des Prairies de l'Ouest canadien revient historiquement à l'Anglais Henry Kelsey, les premiers à les parcourir et à développer la traite des fourrures sur place sont le Canadien Pierre Gaultier de Varennes, sieur de la Vérendrye, et ses trois fils.

Pierre est né à Trois-Rivières (en Nouvelle-France) en 1685, petit-fils du premier gouverneur de Trois-Rivières. À l'âge de 14 ans, il devient cadet dans les Troupes de la Marine, au Canada, puis dans le régiment de Bretagne, en France, où il obtient le grade de lieutenant. De retour au Canada en 1712, il se marie et aura six enfants, dont quatre fils et deux filles. Pierre pratique l'agriculture de la terre, l'élevage, et opère un petit poste de traite au nord de Trois-Rivières. Mais en 1727, il s'associe à son frère Jacques-René, commandant du Poste du Nord, dans la région du lac Supérieur. Il passera les deux années suivantes au fort Kaministiquia, aujourd'hui Thunder Bay, en Ontario.

Pierre Gaultier de Varennes et de la Vérendrye (1685-1749), sculpture devant l'hôtel du Parlement de Québec, aile droite, série des découvreurs.
Pierre Gaultier de Varennes et de la Vérendrye (1685-1749)Informations[1]

C'est là que les Amérindiens lui parlent de la « Mer du Nord » et il devient convaincu que la découverte de l'océan Pacifique passe par l'exploration du lac Ouinipigon (le lac Winnipeg actuel) et du « grand fleuve de l'Ouest ».

En 1730, le gouverneur de la Nouvelle-France, Charles de Beauharnois et son intendant Gilles Hocquart soutiennent son projet et Pierre obtient l'ordre d'explorer les régions à l'ouest du lac Supérieur. Il quittera Montréal en 1731, accompagné de trois de ses fils et d'une cinquantaine d'hommes engagés. Il ne bénéficie d'aucun soutien financier, mais lui et huit associés partageront le monopole de la traite des fourrures à l'ouest du lac Supérieur, faisant ainsi fi du soi-disant « monopole » de la CBH[2]. Le groupe se rend jusqu'à l'ouest du lac Supérieur, mais suite à la défection de plusieurs engagés qui craignent les difficultés à venir, Pierre envoie un de ses fils et son neveu, La Jemmerais, en direction du lac à la Pluie, où ils construisent le fort Saint-Pierre. Dès l'été suivant, ils se rendent au lac des Bois et ils y érigent le fort Saint-Charles.

En 1734, les expéditionnaires se rendent au lac Winnipeg, où ils construisent le fort Maurepas.

La Vérendrye revient à Montréal avec quantité de fourrures, mais après trois ans, il n'avait toujours pas découvert la mer de l'Ouest, puisqu'il n'avait pas dépassé le lac Winnipeg. Il s'engage à se consacrer exclusivement à la recherche de cette fameuse mer. En 1738, La Vérendrye atteint l'embouchure de la rivière Assiniboine, là où se trouve la ville de Winnipeg d'aujourd'hui et y fait construire le fort Rouge. La même année, il fait construire le fort La Reine sur le site actuel de la ville de Portage-la-Prairie, au Manitoba actuel et le 3 décembre, il pénètre sur le territoire du Dakota-du-Nord. Ce sera le plus loin à l'ouest qu'il ira. Par contre, ses fils explorent les régions de la rivière Saskatchewan, les lacs Dauphin, Manitoba, Winnipegosis et Bourbon (tous au Manitoba actuel) et y construisent les forts Dauphin et Bourbon (1741) et Pasquoya (1743). En 1742, les fils Louis-Joseph et François quittent le fort La Reine et le 1er janvier 1743, ils accèdent à la rivière Yellowstone, après avoir remonté le Haut Missouri. Les frères de la Vérendrye seront donc les premiers blancs à voir les montagnes Bighorn, un contrefort des montagnes Rocheuses, dans le Wyoming.

Carte montrant les rivières Rouge et l'Assiniboine
La rivière Rouge et l'AssiniboineInformations[3]

Convaincus que s'ils traversaient ces montagnes, ils trouveraient la fameuse « mer de l'Ouest », ils décidèrent de continuer. Cependant, leurs guides amérindiens, craignant leurs ennemis qui vivaient dans ces montagnes, refusèrent de les accompagner et les deux frères ont dû revenir au Pays d'en Haut.

Pierre quitte l'Ouest en 1743 et revient à Montréal. En 1744, le roi reconnaît la valeur de ses découvertes et lui confie la direction des postes (de traite) de l'Ouest. Il préparait une expédition sur la rivière Saskatchewan lorsqu'il décède subitement, le 5 décembre 1749.