L'objectif de l'étude
L'objectif de l' étude est d'expliquer l'emploi de la variante sontaient à travers une analyse variationniste. Comme dans toute analyse variationniste classique, nous examinerons donc l'influence de facteurs internes et externes à la langue, susceptibles de conditionner son usage.
Tout d'abord, nous analyserons le degré d'emploi de la variante lorsqu'elle a fonction de verbe principal (copule) comme dans « Ils sontaient gentils » que nous opposerons à sa fonction d'auxiliaire comme dans « Ils sontaient partis à la ferme ». La plupart des écrits antérieurs passent sous silence cette distinction fonctionnelle, mais nous croyons qu'elle pourrait être un facteur discriminatif. S'il s'avère que sont utilisation varie selon ce facteur, nous allons voir si c'est l'unique responsable de la variabilité ou s'il existe d'autres facteurs linguistiques qui entrent en jeu. Comme nous l'avons déjà vu dans le module 1, il est bien connu qu'en français québécois, la fréquence d'emploi de la forme simple du futur ou de la forme périphrastique (aller + infinitif) est déterminée en grande partie par la négation : lorsque le verbe est négatif, le futur simple est employé presque exclusivement ( Émirkanian et Sankoff, 1985[1]) comme dans « Demain, je n'irai pas à l'école »; lorsque le verbe est positif, c'est la forme périphrastique qui domine largement comme dans « Demain, je vais acheter ma première voiture ». Une analyse rapide d'un échantillon restreint de locuteurs du français mitchif a démontré que la présence ou l'absence de la négation sur le verbe (ou l'auxiliaire) semblait être déterminant dans le choix d'une des deux formes (de référence ou restructurée). Nous mesurerons donc concrètement l'effet de ce facteur.
Enfin, nous déterminerons si les facteurs externes, tels que le sexe, l'âge et le statut économique et social (SES) peuvent expliquer la variation. Ceci nous permettra éventuellement de relier les résultats de la présente étude à ceux des études que nous avons résumées au début du sous-module.