Introduction
Le lexique d'une langue constitue l'ensemble de ses lemmes ou, d'une manière moins précise, l'ensemble de ses mots. Plus couramment, on utilise plus facilement le terme 'vocabulaire'. Le lemme, ou item lexical, est l'unité de base qui constitue le lexique d'une langue. C'est une suite de sons (ou, à l'écrit, de lettres ou autres caractères) formant une unité sémantique et constituant une catégorie grammaticale. Les lemmes sont eux-mêmes constitués de morphèmes. Chaque lemme possède un signifiant et un signifié uniques, en ce sens que l'ensemble de ses dénotations, c'est-à-dire ses sens ‘propres' et de ses connotations, ses sens figurés, ajouté à ses possibilités d'emploi (déterminées par sa catégorie grammaticale), ne sont pas représentés par un autre lemme. Par exemple, les lemmes synonymes manger et bouffer ne sont pas identiques même s'ils renvoient tous deux au même signifié, celui d'avaler pour se nourrir un aliment solide ou consistant après avoir mâché' (le Petit Robert). L'un appartient au registre courant, l'autre au registre familier. Le premier possède une connotation neutre, le second est quelque peu péjoratif et décrit l'action du point de vue de la gloutonnerie.
Dans les langues comme le français ou l'anglais, les lemmes sont constitués de phonèmes assemblés en morphèmes. Un lemme comme « antimondialisation » ([ɑ᷉timɔ᷉djalizasjɔ᷉]), par exemple, s'analyse de la manière suivante : 1) il possède 15 phonèmes et 2) est constitué de 5 morphèmes : anti-, mond(e), -ial, -iz- et -ation. Le morphème anti- est un préfixe, le morphème mond(e) est la base ou le radical (aussi appelé le lexème) et les morphèmes -ial, -iz- et -ation sont des suffixes. Un lemme peut être simple, c'est-à-dire un seul morphème, comme dans « camion », « amour », « souvent », etc., ou il peut être composé, c'est-à-dire formé de plusieurs mots, comme « avant-dernier », « porte-avion », « s'entretenir ». Un lemme sera considéré comme étant complexe s'il est constitué d'un syntagme dans un sens précis et s'organisant autour d'un terme central, par exemple « pet de nonne » (ou pet-de-nonne) ‘beignet soufflé et sucré de pâte à choux frite', « bec-de-lièvre » ‘fente labio-palatine' ou même une expression complète comme « je-ne-sais-quoi », « m'as-tu-vu », etc.
En lexicologie, la branche de la linguistique qui étudie les lexèmes et le lexique, on fait souvent la distinction entre lexique et vocabulaire. Le lexique étant l'ensemble des formes connues de façon active ou passive par un locuteur donné alors que le vocabulaire fait référence uniquement aux formes connues activement par l'énonciateur. Le vocabulaire actif correspond aux unités connues et employées par le locuteur alors que le vocabulaire passif correspond aux termes dont le locuteur connaît la définition mais qu'il n'utilise pratiquement pas, comme par exemple « lexème » pour un non linguiste. On oppose également le vocabulaire fondamental au vocabulaire spécialisé. Il existe des milliers d'unités lexicales, mais personne ne connaît la totalité de la langue française. Le vocabulaire courant, appelé vocabulaire fondamental, oscille entre 7 000 et 8 000 formes pour un locuteur donné. On ne dispose pas tous de la même batterie lexicale, mais tout le monde partage un vocabulaire général.
Si un vocabulaire est utilisé dans un champ donné par un groupe social particulier, comme par exemple, les termes de l'aéronautique utilisés par les ingénieurs et les techniciens en aéronautique, comme « aéroélasticité », « axe de tangage », « bicoptère », « convertiplane », on l'appelle un jargon. L'étude des lexiques de spécialité ou des jargons s'appelle la terminologie. Le lexème devient alors un marqueur sociolinguistique. Certains termes spécialisés peuvent entrer dans le vocabulaire courant (idiotie, imbécillité), alors que certains termes courants peuvent se spécialiser dans certains vocabulaires techniques (souris).